Agnès Varda  n’est pas que cinéaste. Ce petit bout de femme coupe au bol à la fois mordante et bienveillante a suivi parallèlement un parcours atypique de photographe, de plasticienne ponctué d’installations, de vidéos expérimentales, d’anecdotes et de sa passion pour la mer, la plage, les maillots de bain, les tongs, les cabanes de pêcheurs...et les gens. Florilège que sa fille Rosalie Varda, costumière pour le théâtre, le cinéma et l’opéra a mis en scène entre La Malmaison et la Villa Domergue à Cannes.

                        © Harry Kampianne

Sur la plage abandonnée, coquillages et crustacés...ce bout de chansonnette entonné par Brigitte Bardot est le premier air de fête qui nous vient en tête une fois franchi le seuil du Centre d’art La Malmaison à Cannes. A l’intérieur, nous plongeons dans l’omnipotence des bouées, des tongs, des parasols, des cabanes/bungalows, de la bronzette estivale et des bobs Ricard. Agnès Varda aime la mer et ses accessoires. C’est « une vieille cinéaste et une jeune plasticienne », selon ses propres mots, dont le cœur déborde de plages, cabanes et coquillages, trois thématiques que sa fille Rosalie Varda, en tant que co/commissaire avec Hanna Baudet, directrice du Pôle Art Contemporain de Cannes, ont planifié sur les cimaises de La Malmaison et de la Villa Domergue. Trois inspirations sur lesquelles, la réalisatrice de La Pointe courte, Cléo de 5 à 7 ou de Sans toit ni loi a forgé une grande partie de sa carrière. L’installation Frise de tongs au cœur de l’exposition annonce la couleur. Modeste sandales de plage accompagnées tout au long de la visite d’une farandole d’objets en plastique qu’elle a affectionnée, transformée, réinterprétée avec beaucoup de fantaisie. Au détour des salles, le visiteur peut visionner des extraits de courts-métrage tel que Du côté de la côte ou tomber sur des photographies d’un tournage de commande pour la promotion de la French Riviera.

    Frise de Tongs  © Harry Kampianne

Pour Rosalie, cette exposition est « un retour à Cannes sans le Festival ». Célèbre raout annuel que sa mère a fréquenté de nombreuses fois pour avoir vu treize de ses films en sélection officielle et recevoir la Palme d’Honneur en 2015. « C’est une autre façon, ajoute t-elle, d’entendre la mer et ses différentes variations sonores sans la fureur de la Croisette et les paillettes du Palais ». Nous ne pouvons pas assurer non plus que le visiteur entrera dans cette exposition dans une phase de méditation. Loin de là. Il est surtout question du plaisir partagé que peut évoquer la plage et l’ambiance estivale avec ce brin de nostalgie que l’on peut ressentir devant l’installation mélancolique Dépôt de la cabane à la plage.

                                                                  Cléo de 5 à 7 et Rosalie  Varda à la Villa Domergue © Harry Kampianne

Concernant la magnifique Villa Domergue très Art Déco située sur les hauteurs de Cannes, le paradoxe est d’avoir installer des cabanes, constructions rudimentaires qu’Agnès Varda affectionnait. « Elle les aimait tellement ! J’ai même eu droit à ma petite cabane en bois peinte en bleu vert dans notre maison de famille. Elle a enchanté mon enfance. » Quatre maquettes de cabanes sont actuellement exposées à la villa. Outre sa série de photographies de cabanes prises en 2005 et 2006 pour le catalogue de son exposition « L’Île et Elle » à la Fondation Cartier, une réinterprétation de la La Tente de Sans toit ni loi constituée de pellicules de film 35 mm trône dans le grand salon. La véritable tente ayant servi au personnage de Mona joué par Sandrine Bonnaire dans Sans toit ni loi est également visible dans les jardins de la villa. Quelle émotion peut-on ressentir en sortant de ces deux expositions ? Du vague à l’âme, de l’apaisement, de l’émerveillement titillant nos souvenirs d’enfance, de la nostalgie, de l’indifférence ? En complément de cette citation d’Agnès Varda « L’Éden existe, c’est une aube. L’Éden existe, c’est une île », nous aurions envie d’ajouter « L’Eden, c’est la mer allée avec le soleil » en paraphrasant Rimbaud.

Harry Kampianne

Centre d’art la Malmaison

47, la croisette, 06400 Cannes

Tél : 04 97 06 45 21

Jusqu’au 20 novembre

Villa Domergue

15 avenue Fiesole, Impasse Fiesole, 06400 Cannes

Tél : 04 97 06 44 90

Jusqu’au 18 septembre

www.cannes.com