Patrizia Sandretto Re Rebaudengo souriante à l'autoportrait de Maurizio Cattelan                                                                                 "Nous sommes la Révolution", 2000, ©Harry Kampianne                                                                               

Qu'en est-il de la représentation du corps humain dans l'art contemporain actuel ou plutôt qu'en reste t-il ? La question ne se pose plus en termes de proportions et de valeurs. Le corps humain a muté. Tantôt fragile, disloqué puis recomposé, il s'est à la fois ringardisé et réinventé sous les couleurs et les formes de la transgression et de la provocation. Dans ce registre, le MO.CO, Hôtel des collections à Montpellier dans sa nouvelle exposition L'épreuve des corps, dont la cinquantaine d'œuvres est issue de la collection Sandretto Re Rebaudengo, fait encore bonne figure "humaine".

Amateurs de muscles saillants et de membres bien proportionnés patinés de bronze ou de marbres éclatants, passez votre chemin. Ici, c'est le MO.CO et non le musée du Louvre ou le musée d'Orsay. Pourtant de tout temps, la plastique et l'esthétisme du corps humain est resté indissociable des mutations politiques, sociales et culturelles. De Rembrandt, Michel-Ange, Raphaël, Rodin, Courbet à Picasso, Giacometti ou Bacon, la chair s'est confronté à de nouveaux imaginaires tel que la photographie et le cinéma. Des courants novateurs comme l'art cinétique, le psychédélisme ont disloqué le réel, et bien avant lui le cubisme ou l'expressionnisme des grands Fauves. Aujourd'hui, la révolution du numérique, de l'installation et de la performance participent à une nouvelle sensualité souvent emprunt de la psyché mais aussi de la transgression et de la provocation "contrôlées" dans le sens où celles-ci n'affectent pas les minorités bruyantes, nouvelles officines du politiquement correct. Certains diront que l'art contemporain actuel est une sympathique auberge espagnole, d'autres que les temps changent pour le meilleur et pour le pire. Mais là n'est pas le propos. il s'agit, avant toute chamaillerie sur le bienfait ou non des nouvelles recherches plastiques et formelles de ce peut-être la figure humaine de nos jours, de mettre en avant les œuvres de la collection Patrizia Sandretto Re Rebaudengo dans l'exposition L'épreuve des corps présentée au MO.CO, Hôtel des collections à Montpellier.

Un éclairage kaléidoscopique du corps en représentation

Forte d'une fondation à son nom créée en 1995, la collection compte à ce jour plus de 1500 œuvres d'art contemporain produites après 1960 (pour la majorité après 1995) ainsi que 3000 bijoux fantaisie et 3000 photographies. Une manne exponentielle "qui parle du temps que nous vivons" selon sa fondatrice. La représentation du corps humain en art est le sujet phare en matière d'académisme. Les cours de modèle vivant B.A BA et passage obligé de nombreuses écoles d'art en sont la preuve certifiée conforme. Thématique récurrente, elle ouvre la porte à un florilège de distorsions et de réflexions sur la perception de l'anatomie et de ses multiples bouleversements au cours de ses trente dernières années. Pas moins d'une cinquantaine d'œuvres, regroupant vingt-huit artistes issue de la collection Sandretto Re Rebaudengo, s'empare donc du sujet avec un éclairage kaléidoscopique et une diversité de points de vue très souvent associés à la psyché de l'artiste et non plus à la représentation du corps humain en tant que plasticité et esthétisme. Nous assistons, comme le titre de l'exposition le souligne, à une mise à l'épreuve du corps. Qu'en est-il lorsqu'il ploie sous la coupe du transhumanisme et des distorsions des nouvelles technologies ? Comment peut-il être encore porteur de transcendance ou d'échange ? N'est-il qu'un matériau, un artifice sujet à oppression et contrôle, éternels cautions de la condition humaine ? La majorité des œuvres sont montrées en France pour la première fois. Toutes les techniques d'expression y sont abordés : vidéos, installations vidéo, peintures, sculptures, photographies ainsi qu'une série d'autoportraits (Cindy Sherman, Catherine Opie, Maurizio Cattelan...). Une exposition multiple et ouverte n'imposant pas de réponses et de certitudes mais une bonne clé de perception de ce qu'est devenue l'art contemporain aujourd'hui. 

Harry Kampianne

L'épreuve des corps

MO.CO, Hôtel des collections

13, rue de la République

34000 Montpellier

tél : +33 (0)4 99 58 28 00

www.moco.art 

jusqu'au 13 février